Histoire du château de Grésillon des temps anciens jusqu’au 21-ème siècle

HISTOIRE DU CHÂTEAU DU GRÉSILLON

Le château du Grésillon est inscrit depuis très longtemps dans le paysage et l’histoire de Baugé. En effet, il occupe une place privilégiée, sur l’arrière du plateau, au confluent de plusieurs ruisseaux : le ruisseau du Pont d’Oie, celui des Capucins, celui de la Vieille Coulée, qui forment le ruisseau de l’Altrée.
Les hommes préhistoriques qui ont érigé le beau dolmen de la Pierre Couverte, l’un des plus importants d’Anjou, à moins de 1 km à vol d’oiseau, y ont probablement vécu.
Un parchemin de l’époque de Charlemagne (Charles le Grand) note que depuis le VIIIe siècle la région de Podentinacius (Pontigné) et ses environs dépendaient de la célèbre abbaye de Saint-Martin-de-Tours.
Dans les archives départementales, on retrouve les traces d’une ferme intérieure appelée La Rondelière, qui fut ensuite divisée, avec ses bosquets, taillis, prairies et terrains, pour donner naissance à la ferme des Grands Champs.
La première maison noble fut construite sur un terrain appelé les Grands Champs vers 1585 et fut nommée Grésillon. Le mot français "gresillon" au Moyen Âge signifiait "grillon" ou "lieu où chante le grillon". La route d’accès de cette époque est encore reconnaissable aux éboulis qui surplombent les prés dépendants aujourd’hui de La Rodellière, lorsque l’on prend la route de Pontigné.
Le premier château fut construit vers 1585 par le maître maçon (architecte) René du Chesnel pour le seigneur Julien Le Bigot, qui le donna en dot à son épouse Jeanne Le Bigot.
Jusqu’au XVIe siècle, Grésillon dépendait de La Rondellière, propriété de la famille Le Bigot, qui comptait de nombreux fonctionnaires royaux et juges, principalement François Le Bigot. En 1634, la propriété appartenait à Angélique Bellet et en 1685 à René de Chorbonnière.

La première école communautaire

En 1685, le seigneur de Grésillon était René de Charbonnière. Il fut suivi par la famille Commeau. L’un d’eux, Pierre Commeau, lieutenant spécial de la sénéchaussée de Baugé, convoqua en 1724 l’assemblée générale des corporations et groupements de résidents, pour établir, à l’instigation du curé Maignan, la première école communautaire.
Son petit-fils, Pierre-Marie, fut procureur royal, puis maire sous la Convention, de 1792 à 1794. On le retrouve plus tard juge au tribunal et membre du conseil du sous-préfet.
La demeure de Grésillon a traversé la révolution française (1789-1799) sans encombre. Quatre-vingts de ses habitants étaient des agents des officiers de justice avant et après cette période troublée.
Auguste Commeau, juge au tribunal de Baugé, magistrat sous le second Empire (1852-1870), reçut à Grésillon, à l’époque de la Restauration, son petit-neveu, Clément Myonnet, issu d’une famille angevine, qui fut élève à partir de 1824 à 1829 à l’école de Baugé, à la fondation de laquelle le grand-oncle Pierre Commeau contribua, et passa ses vacances à Grésillon, chez Auguste Commeau.
Clément Myonnet, personnalité charitable qui reçut une récompense d’honneur de ses camarades,
fut le fondateur de la communauté des religieux de Saint Vincent de Paul.

Anniversaire du centenaire

Le centenaire de sa mort fut célébré en 1886, notamment par des cérémonies dans la cathédrale angevine, à Paris à la maison principale, rue Vaugirard. Un carnet du magazine communautaire était consacré au séjour dans la région de Baugé du frère fondateur.
En 1878, Auguste Commeau décède sans postérité et sa nièce, Valentine Chesneau de la Haugrenière, épouse de Laurent Ferrière de Coutrolles, hérite de Grésillon. Leurs initiales, FC, sont gravées sur les cheminées du château. La famille Ferrière joue depuis le XVIIe siècle un rôle important dans la région de Baugé. Des fonctionnaires de justice à la sénéchaussée, l’un d’eux fut député à l’Assemblée Législative, un autre fut maire et transforma le centre de Baugé. Il adapte la place du Château qui porte son nom et construit le palais de justice et la prison.

Maison noble et nom noble

Laurent Ferrière est apparenté à de nombreux propriétaires fonciers et châtelains importants de la région de Baugé. Ses parents acquirent Grésillon par l’achat de la maison de maître de Coutrolles à Échémiré. Il est donc important pour le nouvel occupant du Grésillon de donner une nouvelle apparence à cette ancienne demeure, car c’est l’époque de l’épanouissement des châteaux à la mode de Louis XIII ou du style de transition des formes gothiques à celle de la Renaissance, le célèbre architecte René Hodé en fut l’initiateur. Citons dans la région le château du Perray à Le-Vieil-Baugé, la Roche Hue à Cheviré-le-Rouge, la Grifferaie à Échémiré.
Les nouveaux propriétaires tentèrent donc de transformer l’ancien château du XVIIe siècle, qui, selon le cadastre de 1834, était constitué d’un corps de logis d’un étage, flanqué de deux longues ailes, à l’emplacement du château actuel. Ils construisirent un château gardant la maison noble, qui devint une aile du château. Cette vaste demeure et ses dépendances constituent un ensemble très intéressant d’un point de vue architectural.
Petit à petit, le château tombe en ruine. A la fin du XIXème siècle, en 1882, après un incendie, le propriétaire Laurent Ferrière de Coutrolles décide de le reconstruire afin que la ferme ne soit pas divisée par ses héritiers. Le nouveau bâtiment est constitué de briques rouges et de tuffeau. Il a été construit un peu devant l’ancien pour conserver des parties du mur encore solides, qui fait désormais partie de la cuisine.
Son architecte était Adrien Dubos, né à Angers le 30 mars 1845, ayant étudié à l’École des Beaux-Arts de Paris, diplômé en 1868 ; son œuvre, ce sont des centaines de bâtiments très différents créés entre 1869 et 1913 en Anjou et sa campagne.
Une belle cheminée de la Renaissance en bois sculpté, que l’on peut admirer dans la salle à manger, n’appartient pas à l’ancien château, mais date néanmoins de la même époque. Les dates gravées dessus « 1634 - 1882 » prouvent l’origine et la réinstallation de cette cheminée dans le château récemment reconstruit.
En 1914, la famille Ranson-Roblot achète le château. Il est revendu après le décès de son propriétaire en 1946.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande occupe le château, mais cela ne joue pas un rôle déterminant. De vieux fusils ont été rétrouvés dans l’étang du parc quelques années plus tard.

Henri Micard

Le centre espérantiste de Grésillon est l’œuvre d’Henri Micard. Il est né le 6 août 1897 à Paris. Jeune enseignant, il consacrait ses heures libres à l’éducation des adultes. En 1921, il apprend l’espéranto à Sablé, en 1922 il devient secrétaire de l’association alors créée Groupement des Educateurs Espérantistes (GEE). De 1936 à 1939 il organise avec M. Bourguignon des écoles d’été en bord de mer, à la montagne ou à la campagne, pour enseigner l’espéranto à ses confrères professeurs. Après la guerre, de 1945 à 1950, il continue à organiser de tels événements estivaux, mais il devient de plus en plus difficile de trouver et de louer des hôtels ou des écoles pour les cours. Pour cette raison, il proposa en 1951 l’achat d’une maison où pourraient être organisés des écoles d’été, des séminaires, des stages, des congrès. Par une circulaire approuvée par le conseil d’administration du GEE, dont il était secrétaire général, Henri Micard suggérait qu’il suffirait de trouver 600 personnes qui accepteraient de prêter chacune 10 000 francs de l’époque (100 nouveaux francs). Les réponses furent si encourageantes que le 16 septembre 1951, son initiative se concrétisa avec la fondation de la société « Maison Culturelle des Espérantistes Français » avec plus d’un million dans les caisses. Il commença à chercher. Après un projet infructueux à Brûlon près de Sablé, après de nombreuses visites et démarches, après plusieurs circulaires envoyées aux membres du GEE pour récolter au moins un million supplémentaire, le château de Grésillon devient officiellement la propriété de cette société en janvier 1952. La propriété et les équipements de chauffage coûtaient 3.000.000 (anciens) francs. Après avoir ajouté le coût de l’acte et le paiement de la commission, 3 750 000 francs de l’époque ont alors été payés, soit l’équivalent actuel de 70 000 €.

HISTOIRE DE LA MAISON CULTURELLE DE L’ESPÉRANTO

Après la guerre, les espérantistes organisaient une école d’été dans une maison louée. Vers 1949, GEE envisage d’acheter « une maison bourgeoise pour faire des stages de printemps pour les élèves-maîtres d’une école primaire ». Les quelques 900 membres du GEE votent en 1950 lors de leur séance à l’occasion du congrès national de l’UFE, majoritairement en faveur de cet achat. Mme et M. Micard d’Épineux-le-Seguin (Sarthe) avaient pour mission de trouver et d’acheter une résidence permanente pour l’occasion. Pour cela, le 13 septembre 1951, devant notaire à Brulôn (Sarthe), ils créent la coopérative « Maison Culturelle des espérantistes français ». Ayant été informés que le château du Grésillon était à vendre, M. et Mme Micard le visitèrent et s’enthousiasmèrent, mais le prix était beaucoup trop élevé. Ils ont donc lancé un appel à tous les espérantistes, qui donnent tous selon leurs moyens, mais cela ne suffit toujours pas.

Un chêne tricentenaire

Un bûcheron propose d’acheter le bois sur pied du terrain pour fabriquer des planches, mais il y a un problème : un beau chêne, alors âgé de plus de 250 ans. Il a été planté peut-être en 1685 et a poussé lorsque Grésillon appartenait à René de Charbonnière. Il mesurait environ 6 mètres et ses branches solides apportaient une ombre rafraîchissante bienfaisante à ses hôtes. M. et Mme Micard souhaitaient conserver ce magnifique chêne. Mais cela n’a pas plu à l’acheteur. M. et Mme Micard repartent déçus. En arrivant sur la place du château de Baugé, ils ont une idée. Ils ont fait semblant d’avoir une panne de voiture et ont attendu l’acheteur de bois. La discussion reprend et finalement le contrat est signé sur le capot de la voiture !

Maison des Espérantistes

En 1952, le château est racheté par la Coopérative « Maison Culturelle des Espérantistes Français » pour 600 000 francs français. Mme Jacqueline Trésorier s’engage avec M. Micard à prêter 250 000 francs français, toutes ses économies. De nombreux autres esperantistes, à l’intérieur et à l’extérieur de GEE, ont donné chacun 10 000 francs (soit environ le salaire mensuel minimum) pour posséder une « part sociale » dans la Coopérative. Il s’agissait pour la plupart de personnes modestes, en particulier d’enseignants, et non de riches capitalistes.
Ils avaient un beau château, mais absolument vide. Tout était à refaire dans le château : pas d’électricité, pas d’eau potable, du chauffage seulement dans deux ou trois chambres. Henri Micard a lancé de nouveaux appels pour acheter des meubles, des ustensiles de cuisine, pour installer l’eau et l’électricité. D’importants travaux furent réalisés, jusqu’à ce que le proverbe devienne réalité : « Petit à petit, l’oiseau fait son nid. »

Stages d’été

À l’été 1952, les premiers stages purent avoir lieu. Tous les participants ont aidé de leurs mains, car la situation financière de l’époque ne permettait pas d’embaucher du personnel. Une loterie fut lancée pour meubler davantage le château. Le 31 août a eu lieu l’inauguration officielle, qui a montré à tous que la Maison Culturelle était vivante et pleine de promesses. Depuis, des stages et des rencontres sont organisés à Pâques et en été. 80 à 90 personnes pourraient vivre dans 35 chambres. Les lits furent initialement empruntés au collège de Baugé. Les réparations coûtent cher, ainsi que le chauffage, c’est pourquoi le château était fermé pendant l’hiver. Durant l’été, 5 ou 6 jeunes de la région étaient employés à la cuisine, au service et au ménage.

M. et Mme Micard et Babin

En 1952, Mme et M. Micard sont nommés directeurs. Ils le resteront jusqu’au décès de M. Micard en mai 1966. Après eux, Mme et M. Babin reprennent le flambeau. Pierre Babin et Jean-Paul Guillot publient rapidement une brochure de 20 pages « Naissance de la Maison de l’Espéranto, Château du Grésillon », rééditée en décembre 2009 sous le titre « La vie d’Henri Micard ».
M. et Mme Babin n’ont cessé d’être actifs qu’en 1998, lorsque la commission de sécurité s’est rendue au château (et à l’Apothicairerie de Baugé) et a interdit son ouverture, 3 jours seulement avant l’arrivée des premiers stagiaires. Que faire ? Quinze esperantistes créent un comité et demandent de l’aide. En 1999, les stagiaires passent la nuit à Baugé et aux alentours. Vingt-cinq bénévoles enthousiastes se mettent au travail. En 2000, le 1er étage peut être réutilisé et les stagiaires reviennent.

Principaux résultats du point de vue de 1974

Chaque année, il y a généralement deux périodes hebdomadaires pendant les vacances scolaires de Pâques ; et quatre périodes en été : une de trois semaines en juillet, une autre de deux semaines internationales pendant la période du congrès, une de trois semaines en août et la dernière de deux semaines en septembre. La plupart d’entre elles sont constituées de cours de plusieurs degrés le matin, d’activités culturelles diverses (reliure, émaillage, vannerie), de conférences, débats et conversations l’après-midi et d’animations le soir (films, pièces de théâtre, jeux). Enfin, à chaque période ont lieu des excursions à travers la région célèbre pour ses traces historiques et ses châteaux (Loire et Anjou) ; à chaque période participent entre 60 et 120 personnes.
Parallèlement, le magazine culturel bimensuel « Cahiers Culturels » informe sur la vie du château ; des cours par correspondance et un service de livres fonctionnent tout au long de l’année. Dans la petite ville voisine, un nouveau groupe d’espéranto est né, qui prospère et exerce une influence favorable sur les habitants de la région ; même la rue Zamenhof a été inaugurée en 1962, précisément celle qui mène au château.

Le partenariat entre Baugé et Kelsterbach

Les bonnes relations entre Baugé et Kelsterbach débutèrent dans les années 70 avec une liaison amicale entre l’universitaire populaire du sous-district de Gross-Gerau et celui de Paris. Les musiciens des deux universitaire- populaires se sont alors rencontrés et ont séjourné dans le château de Grésillon pour jouer de la musique ensemble. Lors d’un petit concert, l’administration communale de Baugé a été invitée et a immédiatement sympathisé avec les Kelsterbachiens. C’est ainsi que lors du mouvement universitaire populaire de 1973, les premières associations de Kelsterbach organisèrent un spectacle au théâtre historique de Baugé. En 1999 et 2000, le 20e anniversaire du jumelage entre les deux villes a été célébré.

Vingt-et-unième siècle

Le 20 juillet 2002, la Maison Culturelle de l’Espéranto fête ses 50 ans et le livre commémoratif du jubilé "Grésillon cinquante ans" est publié.
Depuis 2012, notre ville s’appelle Baugé-en-Anjou, tandis que St. Martin d’Arcé et Pontigné deviennent ses communes déléguées - depuis 2016 cette ville a fusionné 15 communes sur 270 km2, devenant ainsi l’une des plus grandes communes de France.
Le 10 mars 2012, une assemblée extraordinaire modifie les statuts et renomme la coopérative « Maison Culturelle de l’Espéranto », officialisant ainsi le nom longtemps utilisé.
Le 19 juin 2012, la Maison Culturelle de l’Espéranto fête ses 60 ans avec diverses animations, lâchers de ballons et concert de caissons.
Depuis 2013, Grésillon est membre de l’office de tourisme et informe sur la possibilité de louer le château.
En 2016, l’ancienne voie ferrée devient une Voie Verte réservée à la promenade sans transport motorisé.
Le 8 mai 2022, la Maison Culturelle de l’Espéranto célèbre son 70e anniversaire avec un déjeuner-banquet et le lâcher de colombes de la paix.

La supra teksto estas ekstraktita kaj kompilita el diversaj fontoj, precipe el tradukita ĵurnalaj artikoloj :
"1897 - Architecte Adrien Dubos" en la municipaj arĥivoj de Anĝevo.
Artikolo pri la historio de Grésillon ĝis 1940, aperinta en C.O. en 1987.
Revuo "Esperanto-Lernejo" n-10 de decembro 1951 de G.E.E., eldonita de H. Micard.
"Die Partnerschaft zwischen Baugé und Kelsterbach ...." ekde 1973 laŭ Gérard Chevallier.
Libro "Esperanto en Perspektivo" en ĉapitro 20.7, paĝoj 691-693 el 1974.
"GRÉSILLON" en revuo Esperanto-info n° 12, decembre 1996.
"Le château de Grésillon sur les traces de son histoire" en ĵurnalo de la 28a de aŭgusto 1993.
"Le patrimoine des communes de Maine-et-Loire" de Flohic Éditions en majo 2001.
"Esperanto : Grésillon fête ses 50 ans" en C.O. de la 20a ĝis 21a de julio 2002.
"À Grésillon, un chêne de trois siècles au centre des conversations espérantistes" de la 2a de aŭgusto 2002.
Vikipediaj artikoloj pri Greziljono kaj pri francaj esperantistoj.
Laŭ la departementaj arkivo en Angers, la kastelo estis konstruita en 1882 sur loko de alia kastelo el 1585. En la arkivo konsulteblas napoleona katastro el 1836 (serĉu « Pontigné » "A1 du Bourg" kaj « Saint-Martin-d’Arcé » "B2 de Saint Martin D’Arcé") kaj malnova poŝtkarto (serĉu « Pontigné »). En la komunumaj arkivoj de Angers troviĝas la 4 konstruplanoj de kastelo Grésillon, kiuj apartenas al aro da planoj de la arkitekto Adrien Dubos (n° 14Fi184-187)